texte de Michel BESSETTE
Vers 1670, COLBERT fit appel à l'astronome Italien Jean Dominique CASSINI pour l'organisation d'un Observatoire astronomique qui existe encore aujourd'hui : l'OBSERVATOIRE DE PARIS.
Anobli, il s'établit en FRANCE et ses descendants continuèrent à étudier l'astronomie et la géodésie. Vers 1750 César François CASSINI de THURY, petit-fils de Jean-Dominique entreprit la réalisation de la carte du Royaume ... La carte de la République fut terminée après la Révolution par son fils Jacques Dominique.
Le pays fut sillonné par des officiers qui tracèrent la carte sur le terrain. Les militaires de l'époque manœuvraient à pied et tiraient à vue. La précision des distances n'était donc pas primordiale : ne sont inscrits que les points militairement importants, les obstacles (cours d'eau, relief), les voies de communication et les villages (lieux de repos et de ravitaillement). Après l'avoir établie, les militaires de tout poil de cette époque en usèrent largement dans les manœuvres et les guerres.
La première carte à grande échelle de notre pays, dite CARTE DE CASSINI ne ressemble que de fort loin aux cartes en couleurs que l'on trouve aujourd'hui dans toutes les bonnes librairies : gravée, en noir et blanc, elle a l'allure des anciennes cartes d'ETAT-MAJOR au 1/80.000e, chaque feuille couvre un rectangle de 40.000 sur 25.000 toises au 1/86.400e (les toises et les mètres sont indiqués).
Les villages sont marqués par des signes conventionnels qui différencient les maisons isolées, les différentes agglomérations et les villes, généralement entourées de remparts.
Seules les grandes voies de communication sont indiquées, les chemins de terre sont omis. Les cours d'eau sont finement et assez précisément tracés.
Le relief est figuré, son dessin le fait paraître plus dur qu'il n'est en réalité, on ne le "voit pas".
Une analogie avec les cartes actuelles : l'agglomération de PEYROL est dans un coin de feuille, pour avoir une vue d'ensemble correcte il faut se procurer quatre cartes.
Les limites administratives sont assez difficiles à suivre: la "frontière" entre le LIMOUSIN et le POITOU se situe aux environs d'une ligne REMPNAT-ROYERE. Toutefois une enclave DE LA MARCHE de 5 kms de long et de 1 km de large environ est marquée entre le moulin de VAUBORZEIX et ORLIEANGES au nord du confluent du ruisseau de PEYROL et de la VEZERE : elle comprend essentiellement le flan EST des reliefs qui bordent les deux rivières. Compte tenu de ces limites, on peut penser que la feuille contenant PEYROL a été établie avant la Révolution sinon les limites des départements seraient indiquées : la cartographie date donc de plus de 200 ans!
Dans la mesure où on peut se faire une idée des paysages, on est frappé par l'absence de forêts : les seuls massifs forestiers indiqués le sont au-dessus de BAY et sur le puy de Cournoux. Il faut donc bien croire aux descriptions précédant le boisement : on voyait surtout de la bruyère. La vue devait porter loin, mais les paysages ne brillaient pas par leur diversité.
Deux chemins traversaient la région : le chemin de LIMOGES à MAYMAC et le chemin de TREINAC a MAYMAC. Le chemin de TREINAC à MAYMAC allait de GOURDON à BARFANGES en passant par ORLUS. Il est confondu avec la voie actuelle qui joint Orluc et Barsanges, où il passait devant l'église puis rejoignait le chemin de LIMOGES à MAYMAC en haut de la butte vers le parking de la nouvelle route, il allait directement à la Croix de Martin et continuait ensuite sur LAS (moulin) puis MAYMAC.
Le chemin de LIMOGES a MAYMAC est constitué de deux voies dont les figurations sont différentes sur la carte. L'une a une figuration de route bordée d'arbres, la figuration de l'autre est identique à celle du chemin de TREINAC à MAYMAC. Ces deux voies ont des tracés très voisins qui parfois se confondent : l'une doit être l'ancienne voie romaine et l'autre, large, plus moderne, la voie dite "Turgotière".
La voie large suivait sensiblement le même tracé que la nouvelle route ; entre La Bussière et le croisement de la nouvelle route avec la route des Maisons, elle suivait le tracé du chemin de randonnée n°4. Elle passait au village de LAVERGNE qui a maintenant disparu. Les deux chemins traversaient le ruisseau à l'ouest de Pérols sur un même pont qui semble confondu avec le pont de la nouvelle route.
Sauf à ORLUS et BARFANGES, les voies indiquées ne traversent pas les villages ! Il devait donc y avoir un tissu de chemins de terre qui reliaient les villages entre eux et qui permettaient de rejoindre les grandes voies : compte tenu de ce que l'on pouvait et que l'on peut voir sur le terrain les voies indiquées semblent être celles où deux voitures à cheval pouvaient se croiser sans risques d'accrochage.
Pas de voie ferrée , elle n'a été construite que 100 ans plus tard.
Qu'en est-il de l'habitat? les villages sont à leurs place, enfin à peu près : PEYROL un peu plus vers la gare, BARFANGES est à Barsanges-bas, Barsanges-haut n'est pas indiqué, CHAUMEIL est un peu plus à l'ouest, les Lives n'existent pas, VAUBORZAIX, GIAUX, LA CHAYPE, L'ENCHAMEL, VARYERAS, COUDER, ARS, BAY, RAZES sont aux mêmes endroits dans la mesure où l'on peut les situer correctement sur le relief qui lui, est assez incertain.
Trois moulins sont indiqués, un au sud de GIAUX, un autre à l'ouest du MASSOUTRE, et un autre entre CHAUMEIL et RAZES à une place qui se confond avec les moulins actuels : le site est donc opérationnel depuis 200 ans au moins.